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  • Photo du rédacteurFrédéric Golinski

La passivité : comment un simple "c’est pas grave" peut-il entraîner la mort ?

7h30, je suis dans le TGV direction Marseille et j'ai envie de vous poser une question : saviez-vous que dans la journée, une personne a en moyenne entre 60 000 et 80 000 pensées ? Alors comment une pensée peut-elle se transformer en quelque chose de si puissant qu’elle peut entrainer la mort ?

Trop souvent, on néglige un tout petit problème. Un désagrément de notre quotidien. Une anicroche à laquelle nous ne prêtons d’autre intérêt qu’un simple "c’est pas grave".

Parfois en coaching, mes clients arrivent avec une problématique qui a débuté avec ces 3 mots. Ils ne sont pas anodins car ils sont le signal de départ de ce que l’on nomme « le cycle de la passivité ».


Que se passe-t-il dans ce cycle de la passivité ?

Tout d’abord nous ne sommes pas tous égaux dans ce cycle.

Pour certains, passer d’une étape à l’autre peut prendre des années, pour d’autres quelques minutes. La constante est que ce cycle débute avec un problème que nous décidons de ne pas régler de suite.



Etape 1 : "c'est pas grave"


Dans cette première étape, l’individu va déployer tout un arsenal pour ne pas traiter directement le problème car celui-ci se situe entre le niveau 0 et 1 sur son échelle de valeurs d’urgence. De ce fait il va considérer que la problématique qui se présente à lui, ou qu’il subit, n’est pas primordiale.

Souvent mes clients me disent : "on en va pas en faire tout un fromage", ou encore "il y a bien pire dans la vie, non ?".

En étant dans ce déni, ils n’ont pas conscience que sournoisement, un curseur vient de se mettre en marche, vers la seconde étape du cycle de la passivité. Ainsi activé, le curseur va continuer de progresser tant que le problème n’est pas traité ni solutionné.


Etape 2 : la légitimation


Cette deuxième étape est subtile. C'est le moment où le problème est légitimé, où il devient normal.

Dans ce cadran du cycle, l’individu, ou l’équipe, va chercher toutes les raisons recevables pouvant donner un sens à la non-résolution du problème.

C’est le moment, où par exemple, un manager entend un collaborateur lui dire

"ne vous inquiétez pas, je gère. Ça n’est pas si grave en fait et puis avec cette nouvelle organisation interne, c'est normal".

Vous commencez à percevoir toute l'étendue que prend un petit problème. Car après cette phase de légitimation, notre curseur continue sa course pour nous faire franchir une frontière aussi connue que dangereuse.

Etape 3 : la sur-activité


Car il est plus que temps, à ce stade du cycle, de ne toujours pas s'atteler à résoudre le problème, mais plutôt à "faire à la place de". Un agenda qui se remplit, une todo list qui s'allonge, et surtout, vous vous retrouvez à faire le travail d'une autre personne.

Le curseur se remplit et vous fait avancer vers l'ultime étape du cycle, celle qui fait régulièrement la Une de la presse et le sujet douloureux de nombreux DRH.


Etape 4 : stress, accident du travail, burn-out, maladie, mort


Une fois le curseur bloqué en étape 3, la suite n’est que douleur, frustration, peine, déception, perte de confiance dans le manager, dans l’équipe, dans ses collègues et pire que tout, perte de la confiance en soi.

Je me souviens d'une équipe que j'accompagnais, à la tête de laquelle se trouvait une jeune femme de 41 ans, que l'on appellera Fanny. Lors d'un salon professionnel, un gros client les menace de ne pas commander la nouvelle gamme de produit, car selon lui elle ne répond pas aux attentes du marché. Le directeur commercial s'engage à revoir sa proposition et promet au client que le bureau d'étude va réaliser une modélisation 3D des évolutions produits sous 8 jours.

Vous l'aurez deviné, malgré l'investissement et la bonne volonté de Fanny, l'histoire ne s'est pas du tout déroulée comme un long fleuve tranquille. Un collaborateur clé du bureau d'étude en congés et le caillou était dans la roue ! S'en suivent alors des retards dans le projet, qui rapidement sont "légitimés" par Fanny (normal de ne pas y arriver quand on s'engage sur un délai irréalisable !). Et c'est comme ça qu'à la veille du rendu de copie, notre Fanny se retrouve à 23h à tenter de modéliser elle-même...

Face au dossier peu convaincant, le client n'a pas validé la commande. Le directeur commercial l'a reproché à Fanny qui a littéralement craqué au volant de sa voiture.


Toutes les histoires ne se terminent pas contre un platane et en fauteuil roulant. Néanmoins il est essentiel de bien comprendre que lorsqu'un problème se présente à vous, si vous entendez le fameux « c’est pas grave », n’oubliez pas que ce dernier peut conduire à une grande souffrance. Donc par définition, il est grave.

Ne sous-estimez plus une problématique. Prenez le temps de la solutionner avant de passer à autre chose. Vous disposez de nombreux outils pouvant vous aider à cela, comme par exemple la matrice d’Eisenhower, dont je vous parlerais dans un autre article.

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