7h30, mon voisin de TGV me questionne sur mon métier et me demande quelle différence il y a entre le coaching et le mentoring.
Le coach va, par différents processus, faire émerger du coaché la solution à son problème. Cette solution est en lui, et nulle part ailleurs.
Le mentor quant à lui a un rôle un peu différent, car il est "choisi" pour son expertise, ses capacités, son influence, son réseau et généralement il intervient auprès d’une personne plus novice que lui. Dans le "Cycle du Héros" que décrit Joseph Campbell, le mentor est celui qui va accompagner le Héros jusqu'au seuil du lieu où va se dérouler l'aventure. Dans la mythologie grecque, Mentor est le précepteur de Télémaque, à qui Ulysse a confié son fils. Dans ce genre de relation, la priorité est donnée : accompagner avec altruisme et bienveillance pour favoriser une transmission de savoir, d'expérience. Le tandem formé par le Mentor et son Mentee, est un binôme puissant qui évite et/ou prévient l'isolement du novice. Si dans les pays anglo-saxons ce genre d'accompagnement et/ou de relation est monnaie courante, en France il y a encore beaucoup à faire. Pourtant, avoir un mentor quand on arrive dans un nouvel univers professionnel est souvent un gage de réussite, d'intégration, d'épanouissement et par-dessus tout, d'engagement fort.
Quels sont les avantages pour un collaborateur à avoir un mentor aujourd'hui ?
1. Se sentir accompagné.
2. Avoir un expert pour nous guider.
3. Avoir une source modélisante et inspirante.
4. Ne pas avoir un isolement professionnel.
5. Pouvoir être challengé de manière bienveillante. Oser.
6. Pouvoir accroitre sa vison, ses compétences.
7. Pouvoir ressentir la relation "pair à pair".
8. Prendre de la hauteur.
9. Avoir un espace privilégié de développement professionnel.
10. Se sentir important, utile et concerné.
Quels sont les avantages pour une entreprise à avoir des mentors internes et externes dans son organisation RH ?
1. Proposer un accompagnement sur le cycle de l'autonomie personnalisé.
2. Sécuriser une prise de poste.
3. Renforcer son ADN et apporter du crédit à la politique RH.
4. Renforcer sa politique de l'engagement vs la satisfaction.
5. Avoir des ressources humaines proches du terrain.
6. Faire monter en compétences rapidement ses employés.
7. Dynamiser les relations inter-générationnelles.
8. Garantir une pérennité des savoirs de l'entreprise.
9. Apporter des perspectives d'évolutions managériales.
10. Fluidifier la circulation du savoir et de la transmission.
Le mentoring, vous l'aurez compris, est une relation "ok/ok" selon les travaux de Franklin Ernst. Le mentor va toujours chercher à faire évoluer son mentee, à un rythme qui lui sera approprié, bénéfique, et garant de son succès. Il n'est pas rare de voir de jeunes collaborateurs s'épanouir très rapidement au sein d'une équipe du fait de pouvoir partager avec leur mentor différents aspects des difficultés de leur mission. La relation, même si elle vise toujours à l'autonomisation de l'individu, est généralement un accompagnement dans la durée.
Quels sont les qualités idéales d'un mentor ?
1. Être reconnu et avoir un succès réellement significatif dans son domaine.
2. Avoir un mentor ou déjà avoir été mentoré.
3. Avoir la volonté d'être au service du Mentee.
4. Être ouvert, créatif, curieux, généreux, doux, passionné, ancré
5. Avoir le réel désir de transmettre son savoir, ses expériences.
6. Idéalement être supervisé dans sa pratique et posture.
Attention le mentor n'est pas là pour faire le travail à la place de son mentee. Je me souviens d'une personne qui me rapportait un jour vouloir changer de mentor. Quand je la questionnais sur ses motivations, elle me répondit que selon elle, il ne travaillait pas assez, et que c'était toujours à elle de faire les choses.
Avoir un mentor est un gage de réussite dans de nombreux domaines. Le gouvernement français a décidé de signer une Charte nationale du mentorat* entrepreneurial en 2013 avec l'association IME France pour "accompagner le développement des entreprises en croissances". Pourtant à ce jour, même si les résultats sont bien présents, le mentorat est encore trop peu pratiqué pour des problématiques professionnelles, comme le management d'une équipe, ou d'un projet. La conduite de vision, la quête de sens ou encore simplement le développement commercial.
En conclusion, lorsque l'on sait que le coût du désengagement en France est estimé à 97 milliards d'Euros**, on peut se dire que développer une politique de mentoring dans l'entreprise au vu des bénéfices réels sur "l'engagement" des collaborateurs pour leur missions semble plus qu'urgente à mettre en place pour inverser la tendance.
* Mentorat = le terme français pour mentoring, validé et reconnu par l'état.
** Etude Gallup 2017
Comments